Avez-vous déjà entendu parler d’e-Parcours, le programme de transformation numérique du parcours de santé ? Peut-être vaguement. Nous vous éclairons aujourd’hui sur ce nouveau dispositif, qui entend faciliter la coordination grâce aux outils numériques dans les territoires.

e-Parcours, kesako ?

Tout d’abord, il est important de préciser que les dispositifs PAERPA et Territoire de Soins Numériques (TSN) préfigurent ce nouveau programme e-Parcours. En effet, ces 2 dispositifs ont permis d’expérimenter dans des territoires pilotes des solutions organisationnelles et technologiques.
D’une part, PAERPA vise à maintenir les personnes âgées le plus longtemps possible à leur domicile, grâce à une articulation entre différents acteurs. D’autre part, TSN visait à renforcer la collaboration entre professionnels autour des parcours complexes.
Tous deux ont permis de déployer des outils numériques, riches d’enseignements, notamment en matière d’interopérabilité, comme le souligne l’ASIP Santé.

En 2017, Marisol Touraine, ex-Ministre de la Santé lançait le projet e-Parcours. Mais c’est seulement 1 an et demi plus tard qu’il se concrétisait au niveau du Ministère de la Santé.

En juin 2019, impulsé par « Ma Santé 2022 », la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) a initié le programme e-Parcours au niveau national. Ce dispositif vise à accompagner la transformation numérique du parcours de santé dans les territoires.
Il vient en appui des professionnels, qui exercent tant à l’hôpital qu’en ville, mais aussi des acteurs médicosociaux et sociaux.
Il a ainsi pour objectif de décloisonner et de faciliter les prises en charge, d’en assurer la continuité, de placer le patient au cœur du parcours et de repenser les métiers des professionnels de santé.

De plus, il permet de financer les projets organisationnels et numériques en appui à la coordination des :

  • Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS)
  • Groupements de professionnels dans le cadre de l’expérimentation Article 51 de la LFSS 2018
  • Dispositifs d’appui aux parcours complexes, tels que les Plateformes Territoriales d’Appui (PTA) ou le PAERPA.

Ces collectifs sont les utilisateurs cibles du programme e-Parcours.

Concrètement, e-Parcours, c’est la mise à disposition d’un bouquet de services numériques de coordination, communicants, sécurisés et interopérables aux professionnels du sanitaire, du médicosocial et du social.

Mais, il ne s’agit pas d’un dispositif construit par le Ministère ou la création de nouvelles solutions. C’est aux territoires de porter leur projet e-Parcours, avec des solutions numériques déjà existantes, qui répondent à leurs besoins.
Pourquoi réinventer la roue quand des outils existent déjà ?

Le programme e-Parcours d’un territoire doit notamment comprendre :

  • Un dossier de coordination, qui rassemble toutes les informations nécessaires à la coordination et qui s’appuie sur le DMP. Il sera en lien avec l’espace numérique personnel du patient à terme.
  • La description de l’équipe de prise en charge – professionnels sanitaires, médicosociaux et sociaux.
  • Le Plan Personnalisé de Santé.
  • Les services de repérage et de dépistage des situations de l’usager en vue de son intégration dans une prise en charge coordonnée.
  • Un carnet de liaison/suivi du patient, et une gestion d’alertes pour signaler des évènements imprévus.
  • Un réseau social permettant aux professionnels d’échanger rapidement, de façon sécurisée.
  • Un agenda partagé.
  • La gestion du retour à domicile des patients.

e-Parcours : favoriser la coordination numérique des acteurs de santé sur un territoire

Comment se construit un programme e-Parcours ?

Les ARS ont pour rôle d’identifier et d’accompagner les projets territoriaux qui émergent et de les porter auprès de la DGOS.

Les professionnels de santé, en collaboration avec leurs ARS respectives, doivent candidater :

  • avant le 31 décembre 2020, pour les dispositifs d’appui aux parcours complexes,
  • avant le 31 décembre 2021 en ce qui concerne les collectifs de soins.

Le déploiement sera accompagné jusqu’au 31 décembre 2022. D’ici là, les organisations mises en place devront démontrer leur utilité et leur opérabilité à l’aide d’indicateurs.

L’instruction du 24 mai 2019 présente un cahier des charges comprenant les objectifs d’un projet e-Parcours, les critères d’éligibilité, les modalités de financement et les indicateurs d’opérabilité.

L’exemple du Grand-Est

Le Grand-Est est l’une des régions pionnières dans la mise en place d’un e-Parcours. La région a choisi de porter un projet global, piloté par Pulsy, le groupe régional d’appui au développement de la e-santé.
Pulsy est le fruit du rapprochement des 3 groupements de coopération sanitaire (GCS) d’e-santé d’Alsace, de Champagne-Ardenne et de Lorraine.
Il est ainsi l’opérateur e-santé de l’ARS Grand-Est.

Le programme a été retenu par la DGOS, pour être initié à partir de décembre 2018.
Il fédère ainsi 4 territoires autour de services numériques mutualisés, mais qui ont aussi chacun leur priorité d’action :

  • Nord Champagne : soutenir les dynamiques de coordination dans le cadre des PTA, et améliorer la prise en charge des soins non programmés.
  • Vosges : notamment développer l’information et l’éducation des enfants et adolescents en surpoids ou en obésité, autour d’une ETP.
  • Grand Der – Meuse : améliorer la communication et l’échange d’informations entre la ville et l’hôpital.
  • Haute Alsace : améliorer la coordination, sécuriser les prises en charge et assurer une orientation des personnes fragiles.

La première étape a donc été de collecter les besoins des territoires, socles du cahier des charges de la future solution.

Ensuite, pour constituer cette solution, Pulsy a lancé un appel d’offres, en fin d’année 2019, auquel ont candidaté différents prestataires pouvant répondre aux besoins.

Au terme d’une consultation de 3 mois, le 19 mars 2020, une commission multidisciplinaire a sélectionné la proposition d’outils numériques pilotée par Maincare.
Outre Maincare, le consortium comprend également Atos, Entr’Actes, Compugroup et Cegedim.

La solution, qui regroupe ces différents outils numériques, a alors été baptisée Parceo.

Dès septembre 2020, les professionnels de santé, du médicosocial et du social pourront donc bénéficier d’un premier bouquet de services.

  • Un cahier de liaison, regroupant les événements autour du patient, accessibles par l’ensemble des professionnels intervenant dans sa prise en charge ;
  • Un service de notifications, informant d’un événement à tout moment du parcours ;
  • Un réseau social professionnel, accessible en mobilité, permettant aux acteurs identifiés d’échanger rapidement et de manière sécurisée.

Les professionnels de santé partageront ainsi en temps réel, et de manière sécurisée, toute information sur le patient, pour améliorer la coordination des prises en charge.

Fin 2020, d’autres outils complèteront ce groupement de solutions : un agenda partagé, un service de préadmission et de retour à domicile, un plan personnalisé de santé et des outils d’évaluation.

e-parcours dans le Grand Est

La Bretagne a de son côté pris les devants, en septembre 2018. D’autres régions sont en cours de lancement de leur programme e-Parcours, comme la Nouvelle-Aquitaine par exemple.

 

Ce programme e-Parcours sera-t-il concluant dans les régions ? Sera-t-il intuitif et effectivement adapté aux besoins et interopérable pour que les professionnels de santé s’en emparent ?
Le plus compliqué reste à s’entendre sur les besoins entre les différents acteurs d’un même territoire, trouver ces solutions et les rendre interopérables. Et surtout, à changer les pratiques professionnelles pour travailler ensemble. L’outil ne fait pas tout.