La stratégie adoptée en France pour limiter la propagation de la COVID-19 consiste en 3 mots : tester, alerter, protéger.
Depuis le printemps 2020, elle évolue, elle s’affine pour mettre en œuvre les moyens les plus efficaces pour lutter contre cette pandémie.
Dorénavant, l’Assurance Maladie met les bouchées doubles sur l’isolement du patient atteint par le virus et des cas contacts. En collaboration avec les URPS Infirmiers et les infirmiers de ville, le suivi de cet isolement est renforcé.

 

Tester, Alerter, Protéger, la solution gagnante pour stopper la COVID-19 (?)

 

Tester

Le premier axe de cette stratégie vise à dépister massivement par test RT-PCR ou antigénique, comme nous l’avons connu durant le printemps et l’été 2020.
Aujourd’hui, le dépistage concerne principalement les personnes présentant des symptômes de la COVID-19 et les personnes identifiées comme cas contact.

Alerter

Cet axe a pour nom de code “Contact Tracing”. Il implique principalement le médecin traitant et l’Assurance Maladie.

Le médecin généraliste étant l’interlocuteur principal des patients positifs à la COVID-19, c’est à lui que revient le rôle d’identifier les personnes contact.
Pour cela, il interroge le patient. Avec son accord, il note les coordonnées des personnes de son entourage familial, amical et professionnel qui ont été en contact rapproché dans le dossier patient / “Contact COVID”.
Le contact rapproché signifie que ces personnes ont été en contact jusqu’à 2 jours avant le début des signes de la maladie.

Deuxième étape : l’Assurance Maladie envoie un sms aux cas contacts, émis par le numéro 38663.
Ce sms contient un lien vers un site internet qui explique la démarche à suivre. Libre à eux de se faire tester ou non, et de s’isoler. Libre à eux également de se renseigner comme cas contact dans l’application TousAntiCOVID.

Protéger

Il s’agit de protéger le patient, les membres de son foyer et les cas contacts.

Pour cela, pas d’autre solution que l’isolement.
L’isolement du patient, l’isolement du foyer, l’isolement des cas contacts. Mais également des personnes en attente de leurs résultats de dépistage.

Une autre solution pour stopper la COVID-19 a pointé le bout de son nez en fin d’année 2020 : la vaccination.

 

Si la stratégie est, dans les grandes lignes, pertinente, elle mérite d’embrayer la 4ème pour être efficace.

 

L’isolement, difficile à vivre mais nécessaire pour stopper l’épidémie

Pour stopper la COVID-19, l’isolement est une mesure nécessaire. Même s’il peut être difficile pour les principaux concernés, dont le lieu de vie n’est pas forcément adapté, le moral n’est pas au beau fixe, et les symptômes très variables.

Qui est concerné par l’isolement ? 

  • Bien sûr, les personnes testées positives à la COVID-19.
    L’isolement dure 7 jours à compter des premiers symptômes. Toutefois, on y ajoute 48h de plus si la fièvre est toujours présente.
    Si le patient n’a pas de symptômes, les 7 jours débutent à compter du test. Si des symptômes apparaissent en cours de route, 7 jours de plus s’ajoutent.
  • Les personnes présentant des symptômes, en attente des résultats du test de dépistage.
  • Les personnes identifiées comme cas contact, en attente des résultats du test de dépistage.
  • Les personnes testées négatives mais qui sont identifiées comme contact à risque.
    Pour elles, l’isolement de 7 jours est nécessaire, dès lors que le test est réalisé à 7 jours du dernier contact avec quelqu’un de positif à la COVID-19.
  • Les personnes négatives mais vivant sous le même toit qu’un patient COVID+.
    Elles restent isolées jusqu’à la guérison du malade. Puis, elles doivent réaliser un test de dépistage 7 jours après la guérison du malade.

Toutes peuvent s’isoler chez elles, à domicile.
Cependant, la taille, la configuration du logement, ou le nombre de personnes qui y résident peut rendre difficile cet isolement.
Dans ce cas, l’Assurance Maladie peut proposer d’autres solutions : un centre de vacances, un hôtel ou tout autre lieu d’hébergement collectif.

L’isolement peut être difficile à vivre en raison du logement, de l’environnement social, de la situation économique, des symptômes plus ou moins forts, de l’anxiété générée par la maladie ou la peur de transmettre le virus à ses proches, de pathologies associées, de l’absence d’une personne sur qui s’épauler, ou encore d’une rupture des liens sociaux…

C’est pour ces raisons que la stratégie Tester, Alerter, Protéger évolue : l’isolement doit être suivi.
En ce mois de Janvier 2021, ce suivi est renforcé, rôle assuré par les professionnels de santé de ville, notamment infirmiers, conjointement avec les CPAM.

 

Suivre l’isolement du patient COVID-19 : le rôle des infirmiers de ville

Comment le suivi de l’isolement est-il renforcé ?

1. Le jour J du test positif ou à J+1 : appel de l’Assurance Maladie.
L’Assurance Maladie contacte le patient COVID+. Le conseiller lui propose la visite d’un infirmier à domicile (ou en tout cas sur son lieu d’isolement).
Bien sûr, le consentement du patient est recueilli, renseigné dans son dossier / Contact COVID.
Pour le patient, la visite à domicile est prise en charge à 100% par l’Assurance Maladie.

2. 24h après : l’infirmier réalise la visite à domicile.
L’infirmier a pour rôle de s’assurer que l’isolement se passe dans de bonnes conditions et soit respecté.
Pour cela, l’infirmier : 

  • Rappelle les règles de l’isolement et les gestes barrières au patient et aux membres du foyer.
  • Aide le patient à remplir le formulaire d’isolement. Ce formulaire a été envoyé courant Janvier par l’Assurance Maladie à tous les professionnels de santé effectuant des tests (100 exemples par IDE).
    Il contient une checklist de tâches à faire et de règles à respecter pour s’isoler de manière efficace. Il engage le patient, qui le signe.
  • Teste les membres du foyer à domicile, avec leur consentement (a contrario, l’infirmier recommande de faire le dépistage en laboratoire).
  • Recommande aux membres du foyer de réaliser le test de dépistage 7 jours après la fin des derniers symptômes du patient.
  • Fournit un code pour accéder à l’application TousAntiCOVID.
  • Identifie les situations de vulnérabilité sociale, des difficultés liées à l’isolement (logement exigu, famille nombreuse, personne à risque de forme grave, besoin de portage de repas ou de médicaments, courses…).
    Si besoin, l’infirmier peut contacter la Cellule Territoriale d’Appui à l’Isolement de l’Assurance Maladie, pour mettre en place un accompagnement social.
  • Informe le médecin traitant, par messagerie sécurisée ou téléphone.

3. À J+4, l’Assurance Maladie appelle le patient ou lui envoie un sms (télésuivi).

4. À J+7, l’Assurance Maladie échange avec le patient par SMS (fin d’isolement).

 

La mobilisation des infirmiers est organisée en région, grâce à : 

  • Une plateforme de mise en relation. Et là, vous voyez où nous voulons en venir…
  • L’URPS Infirmiers, qui coordonne cette mise en relation, au moyen de la plateforme.

Le choix de la plateforme revient à chaque région, à chaque URPS. Dans le Grand-Est et la Martinique, c’est Entr’Actes qui a été retenu.

 

Entr’Actes accompagne le suivi de l’isolement

Entr’Actes est au plus près des besoins d’usage du terrain, et adapte en permanence ses fonctionnalités pour faciliter l’usage des professionnels de santé. Cela l’est tout autant pour le dispositif Tester, Alerter, Protéger.

Entr’Actes accompagne les infirmiers libéraux sur les régions Grand-Est et Martinique pour assurer le suivi des patients COVID.

Concrètement :

  • La CNAM appelle un patient atteint par la COVID-19 et lui demande s’il souhaite être suivi durant son isolement à domicile.
  • Les infirmiers du territoire sont sollicités via Entr’Actes pour une demande de visite à domicile.
    Bien sûr, priorité est donnée à l’infirmier habituel.
  • L’infirmier effectue un compte-rendu dans Entr’Actes ; les données sont recensées et analysées.

Entr’Actes permet la récupération des données cryptées, l’automatisation des séries d’adressage, le suivi du déroulé de la prise en charge, la remontée d’informations, avec en particulier les signalements de variants et de besoins d’assistance sociale.

Le dispositif est actif dans le Grand-Est et la Martinique. Le projet est porté conjointement par les ARS, les CPAM et les URPS infirmiers.
Dans le Grand-Est, il est également mené en collaboration avec Pulsy.
En Martinique, l’URPS IDE porte le projet, en collaboration avec la CPTS Madinina.

 

Si vous êtes infirmier et que vous exercez dans l’une de ces 2 régions, vous pouvez être destinataire d’une demande de visite à domicile. Bien sûr, libre à vous d’accepter ou non cette demande.

Si vous exercez dans une autre région, libre à vous de vous faire connaître auprès de la plateforme qui coordonne la démarche. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre URPS, si vous n’avez pas déjà eu l’information.

 



Quelle facturation ?

Arrêté du 10 juillet 2020 modifié (II quater de l’article 18) :
« Par dérogation aux articles L. 162-1-7 et L. 162-14-1 du code de la sécurité sociale, pour les personnes dont le diagnostic d’infection à la covid-19 a été posé biologiquement ainsi que pour les personnes ayant été identifiées comme cas contact par l’assurance maladie et qui présentent un risque de développer une forme grave de covid-19, les infirmiers libéraux peuvent facturer de manière dérogatoire un acte de surveillance sanitaire à domicile, coté AMI 5,6 et assorti de la majoration MCI. »

La rémunération de la visite « suivi d’isolement » est donc égale à un AMI 5,6 + MCI, soit 22,64€ en France Métropolitaine (23,48€ dans les DOM-TOM).

Pour cela, il est nécessaire d’identifier en prescripteur le numéro du professionnel de santé fictif “ISOLEMENT COVID” : 2 91 99119 8.

Une seule facturation est possible par foyer.
Le cumul est possible avec la rémunération des tests réalisés pour les membres du foyer, avec tout acte infirmier (dans la limite de 2 actes), et avec la majoration dimanche ou jour férié.
Cette visite n’est pas facturable en EHPAD, ni si le patient a déjà une prise en charge de soins importante au domicile (SSIAD, HAD…).
Facturation en EXO DIV 3.